L'année de mes 50 ans il me fallait un défi exceptionnel à relever : ce sera
EMBRUN et son Embrunman, l'apothéose dans la vie d'un triathlète, mais encore
faut t-il se donner les moyens, car ça fait peur.
En un peu plus de 6 mois depuis janvier, j'aurais passé : 75 h ( 850
km) de Course à pied, 190 h (5000 km pour 55 000 m de dénivelé>0) de
vélo , et 40 h (85 km) de natation. Ma plus grosse saison depuis 11 ans de
triathlon, mais il faut bien ça je crois.
Les moments clefs de cette saison : la semaine de
skating à la Féclaz
qui nous a mis une bonne caisse dès le mois de Février, le
stage vélo de
début Avril , la
cyclo 220 km Villepreux Les Andelys à plus de 30 de
moyenne suivi le lendemain du
trail du Josas 20 km pour mon premier WE
choc, puis
stage de Triathlon début mai, les
24 heures vélo du
Castellet avec les potes à mi mai, ou comment faire du fractionné à bloc
pendant 24 h, le Triathlon
LD de Troyes début juin au top de ma forme et
une belle perf à la clé, l'enchaînement le samedi suivant de la
Monticyclo
150 km suivi 5 h plus tard du très difficile
trail du castor fou (26
km) pour ce qui est du second we choc qui fera très mal aux cannes. Un petit we
break hyper sympa avec les amis dans le Verdon pour mes 50 ans, Et enfin
la cyclo la
Marmotte 175 km 5000 m>0 sous la canicule et presque 10h
de vélo début Juillet.
Mais, après avoir retrouvé du boulot mi-juin en pleine préparation, un mois
de Juillet très difficile, où j'explose complètement après la Marmotte,
impossible d'enchaîner 2 entraînements d'affilé, saturé, plus d'envie, des
problèmes musculaires de toutes parts. Je lève le pied contraint et forcé. 6
jours avant l'épreuve, je suis encore au fond du trou à broyer du noir. Puis,
bien reposé, l'envie revient la dernière semaine, et même si je sais que j'ai
loupé ma fin de préparation, ça reste une course d'endurance avant tout, et le
fond je l'ai.
J'essaie d'emmagasiner du sommeil un maximum, et me voilà embarqué direction
Embrun, train de nuit le mercredi soir : la météo est changeante jusqu'au dernier moment entre pluie et
variable : ce sera finalement de la pluie et un peu frais. L'avant veille, petite bière pour fêter les 50 ans de JC et récupération du teeshirt de beginner :-)
La veille, petit tour de 3/4 d'heure en vélo, histoire de vérifier que toute la mécanique fonctionne. Samedi 15, Jour J, préparation
tranquille des affaires dans le parc à vélo dès 5h du matin, mais à 10 mn du
départ, alignés sur la berge dans la nuit noire la pression monte d'un coup ;
1250 athlètes à se jeter la dedans alors qu'on y voit que dalle si ce n'est une
timide bouée lumineuse au large : c'est n'importe quoi; mais pas le temps de
tergiverser, le coup de pétard retentit; je me positionne vers l'arrière
et je rentre dans l'eau sans me presser : sans surprises les 10 premières
minutes sont pénibles, des coups, des gars qui te montent dessus, ou qui
t'empêchent de respirer au moment où il faut : le cardio monte très vite, un
peu de brasse, puis j'essaie de me concentrer sur ma nage en crawl 2 temps.
J'évite de penser à ce que j'ai à nager, et j'avance mètre par mètre. Au 2500
mètres, dans le second tour, je me fais virer mes lunettes :
rétropédalage pour les remettre et crac une crampe à chaque mollet : l'enfer.
J'essaie de bouger les jambes et au bout d'une petite minute ça passe. Recrampe
à 300 m de l'arrivée, ça repasse, mais ça me laisse une bonne douleur : de très
bon augure pour le reste de la journée!! Je sors de l'eau avec pas mal de gars
autour de moi, ce qui n'est pas habituel, et ce qui présage que j'ai peut-être pas
trop mal nagé. Un petit coucou à Bribri en passant qui hurle tout ce qu'elle
peut et qui est contente de me voir, j'arrive à mon emplacement et je vois JC
encore sur sa chaise en train de se changer : il m'annonce 1h22, soit 15' de
moins qu'à Roth il y a 3 ans, ce qui est très bien pour moi et dans mes
objectifs les plus hauts. Je suis en 1036 ème position !! Je prends mon
temps, afin de ne rien oublier sur le vélo, car vue la météo, ça peut être
fatale en haut de l'Izoard. Je ressors après 9' de transition. Après un
échauffement de 200 mètres, petit plateau et gros pignon à l'arrière : ça
commence!!6 km de montée, sur la route des Puys en direction de Réallon, à 7,5%
de moyenne qui se terminent par un mur de 50 m à 20% où, comme par
hasard, les spectateurs sont massés. Je double JC et Mickael assez rapidement :
je suis plutôt pas mal dans ce début de parcours. Au bout d'une heure, les
premiers secours pour sortir des gars déjà dans le ravin dans la descente de St
Appolinaire. Ne pas prendre de risques inutiles! Fin de la première boucle
42 km en 1h30, et le 496 ème temps vélo. On repasse à l'entrée d'Embrun, on
tourne à droite vers les Orres, et là un monde dingue qui vous encourage façon
tour de France : génial ! hop danseuse pour épater la galerie. Puis on
emprunte la route casse pattes de St André à gauche pour rejoindre
Guillestre, et là je sens les grosses cuisses qui arrivent : je comprends vite
que, malgré un bon début, ce ne sera pas une grande journée cycliste pour moi,
ce qui se confirme dans les 40 bornes qui suivent pour rejoindre le pied de
l'Izoard : impossible d'emmener du braquet dans les gorges du Guil. L'Izoard
est un calvaire : je me fais beaucoup doubler, et je peine comme jamais. Dans
Brunissard, je suis collé. Arrivé au sommet de l'Izoard avec le 738 ème temps
vélo, après 1h30 de montée : le sandwich va faire du bien, sauf que la pluie
violente et froide s'invite au festin : du coup j'ingurgite le casse dalle à la
va vite, en même temps que j'enfile ma veste de pluie. Je n’ai qu’une envie,
redescendre au plus vite pour se réchauffer ! Au moment où je pars, je
vois JC qui arrive : il a du me reprendre méchamment dans le col. Je file à
l'Anglaise avant qu'il ne me voit afin de ne pas lui donner un surplus de
motivation. La descente vers Briançon est hyper dangereuse : je claque des
dents, j'ai les mains gelés, et la route est glissante. A Briançon, d'habitude
fournaise, impossible de se réchauffer, alors on continue en s'activant. La
côte des Vigneaux (environ 4 km à 5% ou 6%) , arrive et commence à nous
réchauffer un peu. Un peu plus loin, après l’Argentière La Bessée, virage à
droite et la terrible côte du pallon, qui fait peur à tout le monde : 10 à
11% pendant 2 km en quasi ligne droite : j’enclenche mon 30 dents à
l’arrière, et ça se passe pas trop mal. J’ai enfin la sensation que la forme
revient, après 4h de trou noir. Je passe en haut de la côte avec le 747 ème
temps vélo : j'ai stoppé l'hémorragie. Derrière, petite portion assez roulante,
puis la descente très dangereuse vers l’aérodrome des Achards, avant de
remonter de nouveau vers Réotier. Je sens que les jambes sont un peu revenues.
On redescend vers la Durance, que nous traversons à St Clément : au
passage nous devons mettre pied à terre sur le pont en travaux : bonne
nouvelle, je me rends compte que je peux marcher en poussant le vélo : je
devrais pouvoir démarrer le marathon en courant !! il reste une trentaine
de kilomètre, sur la route de St André déjà empruntée à l’aller. Je me sens
bien mieux que lors de la reco de Juillet où j’avais littéralement explosé.
Arrivée au pont neuf 2 km avant l’entrée dans Embrun : on croise les
coureurs à pied qui vont terminer en moins de 12h. Il reste 15 bornes, et
environ 50’ pour les effectuer, car il y a la fameuse côte du Chalvet (4.5 km entre
7 et 10%) à se taper pour finir. Ca passe bien, souvent tout à gauche, puis
enfin les derniers 8 km de descente vers le plan d’eau. Ouf ! je descends
du vélo avec le 728 ème temps vélo (8h25). J’en suis à 9h57 de course. Ce qui
me laisse environ 5h pour le marathon si je veux passer en dessous des
15h : jouable, mais faudra pas traîner quand même. Dans le parc à vélo, un
gars me dit ‘ Massages ?’ : mirage ou réalité ? Je réponds
massages ? où ça ? faut s’allonger quelque part ? Il me
dit : ‘non , sur votre chaise’. Ah ok, d’accord !!me voilà assis sur
ma chaise avec 2 gars en train de me masser cuisses et mollets. Génial !
Maxime est à coté de moi, mal au genoux il hésite à partir, puis se décide
enfin. Après 10’ de pause et changement complet de tenue me voilà partit en tri
fonction. J’ai des jambes en ce début de course : 4 premiers km plat en
5’45’’/km : je vais trop vite, mais la première côte arrive, qui se charge
de remettre de l’ordre dans la maison : 8’14’’/km !! Dans la descente
derrière, je double Maxime, qui courre en boîtant : premier 10 km en 1h05
environ :correct ! Jusqu’au 15 ème ça va à peu près, puis j’ai
terriblement mal aux cuisses. D’un coup Maxime me repasse comme un avion :
le petit jeune a retrouvé du peps et ça me fait plaisir de le voir comme ça,
même s'il me laisse sur place!! J’ai mal aux cannes, je suis de nouveau obligé
de marcher un peu mais maintenant aussi sur les portions de plat. Je termine le
premier semi un peu en vrac et en 2h15. Je sais que même en marchant sur le second
semi, je terminerai dans les délais de 16h30 ! Brigitte m’accompagne sur
ce début de second tour : je souffre jusqu’après la côte, et ensuite je
retrouve de nouveau un peu de jambes dans la descente. Je stop à tous les
ravitos : coca+TUC, et je n’ai aucun problème digestif. Ca y est ça va
mieux : il me reste 12 km, et je sens que ça va le faire. Toujours autant
de gens sur le parcours pour vous encourager : dans la rue piétonne ceux
sont des haies d'honneur qui saluent votre passage : c’est super. Dernier coup
de cul pour monter vers Baratier, et hop on bascule dans la descente. Rentrée
dans Embrun, virage à droite pour passer sous le pont et rejoindre la
digue : plus que 3 km. J’avance comme un automate, pas vite, mais
j’avance. Je fais le tour de la digue une dernière fois. Dernier ravito ' vous
avez quoi de bon ici? on rigole 15'', et je leur explique que je dois y aller
😄.
Beaucoup d’encouragements autour du parc à vélo : il pleut
toujours !Hop virage à gauche et dernière ligne droite avec la ligne d’arrivée
en vue au bout, et le speaker qui hurle dans son micro. J’essaie de profiter de
ce moment unique : je serre les poings au moment où je franchis la ligne
en 14h57’ : yes did it ! I’m an Embrunman !
Un seul regret pour moi : pas de larme et très peu d'émotion à l'arrivée ,
alors que je m'imaginais être submergé : comme si tout ceci était normal!! Ou
tout simplement, je n'ai pas encore réalisé ... L'émotion ce sera peut être
pour fin Août quand Brigitte bouclera son 3ème IM...
( Mise à jour fin Août : arrivée de Bribri à Vichy : séquence émotion ...
Que de chemin parcouru pour en arriver là, et beaucoup d’investissement et
sacrifices cette année. Très fier d’avoir fait ça … et j’ai déjà envie de
remettre le couvert alors que j’avais dit que c’était mon dernier !
Enfin, et encore une fois, carton plein pour Vélizy, et tout le monde a
terminé en bonne santé : ceci n’est pas du hasard, mais le fruit d’une
préparation intense depuis plusieurs mois, orchestrée de main de maître par
notre équipe d’animateurs préférée, David, Juju, Manu et Claudius. Un grand
merci à eux qui nous ont donné l’envie et l’impulsion pour atteindre nos
objectifs. Ceci se confirmera sans doute à Vichy fin Août.
L'entrainement des 3 derniers mois :