Nous sommes 6 à prendre part à cette Marmotte : Christine et Brigitte, JC, Yann, Emmanuel et moi.
Cette années le parcours mythique est modifié : nous n'emprunterons pas Télégraphe et Galibier pour cause de route fermée entre Lautaret et Bourg d'Oisan, la faute à la Montagne qui s'effondre. Le nouveau parcours, plus long (176 km au lieu des 172) et légèrement plus escarpé (5200 m>0 vs 5000), nous fera monter le Glandon et redescendre sur St Etienne de Cuny (comme l'ancien parcours) , puis nous fera emprunter les 18 lacets du Montvernier avant de nous emmener A St Jean de Maurienne pour grimper le Mollard (14 km) puis la terrible Croix de fer par St Sorlin (14 km) avant de retourner à Bourg d'Oisan pour se finir par l'Alpes d'Huez.
Notre quartier est aux 2 Alpes, à l'Hotel Valentin, une très bonne adresse. nous faisons une grosse partie de route le Jeudi soir jusqu'à Mâcon où nous dormons à l'Ibis Budget, afin de terminer le lendemain. Au passage nous récupérons plaque de chronométrage en haut de l'Alpes d'Huez, et après un déjeuner rapide, nous nous dirigeons vers les 2 Alpes. La journée du samedi s'annonce torride avec des températures annoncées de plus de 35 degrés, et ça ce n'est pas une bonne nouvelle.
Il ne faudra pas trop de sucre par ces chaleurs mais plutôt du salé : la soirée se passe à préparer l'alimentation : sandwich, boissons (même s'il y a normalement tout sur le parcours, mieux vaut être autonome);
Le départ est prévu dans la dernière vague à 7h50, 40' après les premiers.
Nous voilà au départ, la pression monte : un monde fou : 7000 cyclistes au départ : seuls 4600 seront à l'arrivée.
Le départ est donné, est curieusement on peut rouler assez vite, malgré la masse : 35 km/h dans le paquet sur la première ligne droite au départ de Bourg d'Oisans.Au bout de 10 km on attaque la montée du Glandon : une vingtaine de km de grimpette. Il fait encore frais mais quelques bouffées de chaleur nous rappelle que la journée va être longue. Je prends un bon rythme sans passer dans la zone rouge, et souvent tout à gauche sur mon 34x27. Au milieu j'ai envie de sucré, et donc je bouffe une patte de fruit. Dans sa seconde partie le col est magnifique avec des paysages somptueux, du coté du lac de Grand Maison, à couper ce qui reste de notre souffle : on n'avait pas besoin de ça. Au sommet, km 37, ravito, et grosse pagaille ; je suis avec Emmanuel. L'organisation met à disposition des sandwichs : je m'en engouffre 3 d'un coup! Je m'arrose la tronche avec de l'eau et recharge les bidons, ,et hop on attaque la descente, pour laquelle la chrono est neutralisé, afin d'éviter les fangios. Environ 25 mn pour se taper les 22 km de descente. Arrivée à Saint Etienne de Cuines km 59. Le chrono se réenclenche. 4 km dans la vallée, quand soudain se dresse face à nous les 18 tournants de Montvernier, verticale : on voit les coureurs tout en haut ; c'est plus impressionnant que difficile, mais bon, va encore falloir laisser quelques forces la dedans. Je prends un bon rythme, ce qui me permet de monter et de ne faire que doubler. 2,5 km plus haut, ravito liquide : un monde dingue. Je me chope une fontaine, m'asperge la tronche et remplie bidons, et repart aussi sec. Dans cette montée, j'ai perdu Emmanuel qui a préféré rester sur un rythme plus tranquille : je terminerai donc seul. Nous sommes au km 65, 3h10 de course, et à partir de là, la course se durcit en même temps que la chaleur et la fatigue s'accentuent. En bas de la descente, nous avons 8 km dans la vallée le long de l'autoroute de la Maurienne, avec l'Arc en contrebas, en plein cagnard, avec léger vent de face : je me retrouve entre des groupes qui ne roulent pas, et passe de l'un à l'autre en y laissant des plumes. Après saint Jean on vire à droite direction Albiez le Jeune et le col du Mollard : une belle saloperie! 20 km de montée et 1100 m >0. Au pied de l'ascension, tels des animaux en cage, nous tendons nos bidons à travers un grillage derrière lequel un homme avec son tuyau d'arrosage nous les remplie gentiment. Première partie dans le bois plutôt agréable mais les derniers 6 km en plein soleil sur une route pourrie. On cherche de l'eau et de l'ombre. Je me rue sur chaque fontaine, pour y mettre la tête et remplir les bidons qui me serviront plus à m'asperger qu'à boire. Mais le pire est à venir ... En haut du Mollard, petit moment de répit avec une courte descente de 3 ou 4 km, qui doit nous mener sur la route de la croix de fer que j'ai déjà fait par le passé... à la descente. Quand on récupère cette route, un panneau nous indiquant le sommet à 14 km fait très mal au moral car je pensais moins de 10 km... Les premiers hectomètres sont encore un peu roulants, mais juste avant Saint Sorlin, plus une zone d'ombre, et des pourcentages très méchants. Dans Saint Sorlin, je commence à souffrir, et toujours la chasse à l'eau qui se poursuit : les pompiers ont eu la bonne idée de mettre à dispo une borne incendie : elle sera pour moi! tout le haut du corps va y passer. 2 minutes après je suis déjà tout sec, et encore obligé de m'asperger le casque pour refroidir la machine. Les 6 derniers kms sont une tuerie : plusieurs fois je me demande si je ne vais pas devoir faire une pause, mais non il ne faut surtout pas s'arrêter ici! Par contre dans ma tête, j'arrêterai en bas de l'Alpes d'Huez, car à quoi bon se ruiner : je suis en préparation pour Embrun, et je pense qu'au pied de l'Alpes avec 162 km et 4000 de dénivelé, ça ira bien comme sortie. Je bascule enfin en haut de la croix de fer : petite pause pour le selfie : 6h45' de course - 123 km je commence à montrer de sérieux signes de fatigue.
Je me lance dans la descente en sachant que cette descente cache une belle côte d'1,5 km à mi parcours, que j'ai descendu à l'aller en pleine ascension (!) en pensant déjà qu'elle ferait mal au retour en pleine descente : et effectivement elle casse les pattes. Derrière c'est la descente vers le lac du Verney, où un petit vent de 3/4 face nous attend pour nous accompagner jusqu'au Bourg d'Oisans. Sur la longue ligne droite nous amenant au Bourg, je me retrouve seul dans le vent : je rejoins un gars, et lui dit :'want to work with me?' 'Yes !' Ok good. Au bout de quelques relais je me retourne et vois un paquet d'une vingtaine de coureurs en train de revenir tranquillement sans forcer : je me vide les dernières gouttes sur mon cerveau en surchauffe. Dans un sursaut de lucidité je regarde mon compagnon du moment : I think it would be better to wait the big pack behind' 'Yes good idea'. On se relève. On arrive au bourg d'Oisans. 8h de course et 161 km. Bon c'est pas tout ça, mais maintenant faut monter sa carcasse en haut de l'Alpes, et même si j'ai du perdre quelques kilos depuis le matin, il en reste encore quelques uns! Je me repose encore la question de monter ou pas, mais la fierté d'aller au bout l'emporte, même si je trouve ça complètement inutile .Je passe devant le ravito (très mal indiqué) sans le voir, et j'attaque l'Alpes d'Huez sans une goutte d'eau et à découvert complet à 15h50. Je ne sais pas quelle température il fait, mais je ne tiendrais pas longtemps sans flotte. Virage 21, puis 20 : je marque un stop devant les badauds en délire qui se demandent ce qu'on fout là sur un vélo avec cette chaleur : 'Does anybody have some water?' ah speak french : 'quelqu'un aurait de l'eau?' 'au virage au dessus il y a quelqu'un qui en donne' me dit-on. OK je repars sans trop y croire : 19 : yes quelqu'un avec des bouteilles d'eau : je m'arrête et remplit les bidons ! je le remercie mille fois; Me voilà sauvé pour quelques kilomètres. Arrivé à la Garde, virage 16 je crois, RAVITO : YES! Je m'arrête : je met la tête sous le robinet, je fais un selfie, je suis très entamé!
et au moment de repartir, je vois un bistrot à droite : hallucination ou réalité : je pose le vélo et rentre direct à l'intérieur : quelque cyclistes ont déjà pris place :'Un coca frais svp'. Je m'assoie 10 mn le temps de savourer ce moment exquis que je ne savais plus pouvoir exister sur terre. Je repars ou je reste là? Bon allez, j'ai repris un peu de poil de la bête, we go! je reprends mon chemin de croix, lacet après lacet, mètre par mètre, j'avance, comme un robot. Dès que je vois une source sur le flanc de la montagne, je m'arrête et je trempe la tête. Sommet 3 km. Allez c'est in the pocket, je relance la bête, et passe la ligne d'arrivée en 9h55 (9h16 chrono officiel sans la descente du glandon neutralisée), 1642 ème sur 4670 arrivants (et 7000 au départ). Une cyclo hors norme, surement ce que j'ai fait de plus compliqué à ce jour. Une satisfaction immense de franchir cette foutue ligne, mais une fatigue non moins immense aussi. Bref une sacrée aventure. J'étais particulièrement affûté cette année avec plus de 4000 bornes au compteur, 2 stages au printemps, et du spécifique en côte :et pourtant qu'est ce que j'ai souffert dans la dernière montée. Je pense que la chaleur y est pour beaucoup, mais bon, c'est quand même un sacré sport!!
Quand à Brigitte, elle n'aura pas pu monter, arrêtée par la barrière horaire en bas de l'Alpes d'Huez. Elle a le Marmotton! Elle aura quand même parcouru 162 km et ses 4000 m dénivelé. C'est vrai qu'en partant dans la dernière vagues, 40 ' après les premiers, les barrières horaires sont plus difficiles à tenir. Bravo à elle d'avoir été jusque là : c'est pas donné à tout le monde de pouvoir faire ça.
Classement du club (sans Bribri et Cricri arrêtées en bas)
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