mardi 21 juillet 2009

L'étape du tour 2009 - 21 Juillet



De nouveau un beau défi pour cette étape du tour 2009. Au programme cette année, Montélimar-Ventoux, 172 km, 45km de montée pour environ 3600m>0  avec 4 cols de 3e et 4e catégorie avant d’affronter les pentes HC du Géant de Provence. Bien positionné dans le second SAS de départ (Merci Jean Luc), je me dis que cette année est propice à réaliser un chrono sympa après la découverte de ce type d’épreuve l’an dernier.  Contrairement à l’an dernier, le temps s’annonce sec et ensoleillé : ce sera une des journées les plus chaudes du mois de Juillet !! Je pars en compagnie de Brigitte avec quelques ambitions non avouées : après tout l’année dernière nous avions du franchir 2 cols HC coup sur coup, alors là avec une seule montée HC ça devrait bien le faire. Top départ, il est 7h (le champion de France sur route en titre est là, n’ayant pu être sur le tour de France pour cause d’équipe non qualifiée), et il fait encore un peu frais. Partis dans les 1000 premiers nous décidons d’appuyer un peu pour sortir de l’agglomération avant de se faire reprendre par une partie des 7500 poursuivants. Nous roulons à un bon rythme : une mobylette nous double rapidement avec une petite tape amicale : put… c’est Cédric, il est parti fort. Les 1ère pentes arrivent après 15 km : j’abandonne Brigitte, et je prend mon rythme. Au milieu de cette petite ascension d’échauffement, Jean Luc me reprend, et nous montons ensemble en s’économisant un peu.
  • En haut j’aperçois un groupe un peu devant qui me parait rouler pas mal : je décide de l’accrocher, et je fais donc la descente, pour revenir rapidement, tandis que Jean Luc, bien sagement (très sagement même !) reste tranquille. Ca roule entre 30 et 40 régulièrement, mais le groupe est un peu désorganisé, et nous sommes donc souvent à la relance pour accrocher la bonne roue ; je commence à m’inquiéter un peu : je sens que ça va un peu trop vite pour moi. On passe un nouveau col de 6km à 5%, puis nous plongeons vars le 1er ravito au 75ème. 2h30 de course.
    Je repars mais dès le petit col suivant, je sens que mes jambes m’abandonnent : mauvaise limonade : ça sent pas bon, je suis cloué au sol ; et ce soleil de plomb qui commence à cogner dur ; va falloir trouver une solution. Ma grande erreur, oubliant que je n’étais qu’un pauvre triathlète, aura été de m’être pris pour un cycliste pendant 80 bornes. Je sais que je vais le payer : je ne pense plus au chrono, mais à me refaire, parce que en l’état, même en rêve, je ne monterai pas au sommet. Arrivé à Sault, nous basculons vers le col des abeilles, 8 km avec un départ des plus raides : je suis planté, tout à gauche, ça passe de tous les cotés : je commence à voir des numéros de dossard élevés qui me passent :très mauvais signe. Il est 11h30, je courbe l’échine, pas de nuages à l’horizon : je m’arrose le cerveau complètement en surchauffe. J’entends un ‘allez Vélizy’ et je vois passer un maillot de l’ECV : il me semble reconnaitre Contador, mais je crois bien qu’il n’est pas sur la même course : hallucination probable. Il me crie prend ma roue, mais je n’y peux plus rien. Enfin la descente arrive : je me fais reprendre par mon camarade de gîte, qui m’aide à rallier Bédouin, pour le second ravito avant la montée finale. 150 km : 5h30 de course et 3 h pour couvrir les 75 derniers km. J’ai plus de jambes, un mal de tronche d’enfer et la nausée qui vient doucement, 1ers symptômes d’un bon début d’insolation. Arrive Jean Luc, tout frais, tout guilleret. Il a bien géré son affaire. Il ne nous reste que 21 km, mais presque la moitié du dénivelé de l’étape, soit 1600m. Je me serais bien couché sur place, à l’ombre des platanes, mais je me suis mis tout seule dans cette galère, va falloir que je m’en sorte tout seul. Un monde fou dans le village : nous avons du mal à nous frayer un chemin. Virage à droite et hop c’est parti. Les 5 1ers km sont à moins de 5%, mais je trouve quand même le moyen de mettre pied à terre 1 fois. Je vois passer Jean Luc : juste le temps de lui crier bonne ascension. Le chemin de croix commence pour moi, et il risque d’être très très long. Virage de Sainte Colombe à gauche, et on rentre dans le vif du sujet : c’est sûr si la voiture balaie passe je monte, mais elle est encore très loin. Si je pouvais casser quelque chose sur la bicyclette, je pourrais sortir la tête haute : j’essaie bien plusieurs fois de rétrograder brutalement chaîne tendu, mais rien n’y fait : Ultégra c’est du costaud. Je m’arrête une bonne demi-douzaine de fois; le moral n’y est plus ; je rentre même dans le sous bois me poser un bon quart d’heure ; mais je ne suis pas seul, les meilleurs places sont déjà prises ! faut attendre qu’elles se libèrent : les jambes sont revenues mais j’ai la tête comme un étau, et je ne veux surtout plus forcer en plein cagnard. Je repars en poussant le vélo, puis je me dis qu’il faut absolument rallier le chalet Reynard, dernier ravitaillement en liquide à 6 km du sommet.
    J’enfourche donc péniblement la monture, et à 7.5 km/h je rallie le point de ravitaillement. Je jette mon vélo et me met à l’ombre. Après peut être ½ heure de pause, j’aperçois Philippe, qui ne me parait pas trop mal. Puis un peu derrière (à moins que ce ne soit l’inverse) Loic, un peu fatigué, mais encore très lucide pour voir que je suis plus entamé que lui et me donner 5 euros, qui me permettent d’aller m’installer à la terrasse du troquet et de m’enfiler un bon coca frais. Je ne verrai pas passer Isabelle, qui fait également une très belle course tout en contrôle. Quand à moi j’attends définitivement la voiture balaie. Mais Brigitte arrive avant : elle s’installe aussi prendre un coca, et remplit les bidons. Et c’est elle qui me donne la force mentale de repartir pour l’accompagner jusqu’en haut. Après quasiment 1h30 de pause, je suis super frais : migraine envolée, jambes de feu, cette dernière partie est une galéjade.
    Je monte tranquillement avec Brigitte et franchissons ensemble la ligne, avec un dernier sprint euphorique complètement ridicule dans le dernier mur : un bonheur intense au franchissement de la ligne : dire que j’ai failli bâcher 50 fois dans la montée, j’aurai loupé quelque chose. 9h50 au total, dont 4h30 pour les 21 derniers km : un record je pense.
    En ce Lundi 20 juillet 2009, j’ai compris ce qu’était la dure réalité du vélo, et de ce type d’épreuve. Hallelujah !

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