dimanche 6 juillet 2008

L'étape du tour 2008

  • L'ETAPE DU TOUR 2008 - PAU-HAUTACAM - 169 KM - JUILLET 2008 - 

Et pendant ce temps là, nous étions partis braver les Pyrénées, avec Brigitte, Fred D, et Hervé Chouquet.Pau - Hautacam en passant par le Tourmalet, soit 169 km.

Si Hervé est là pour taper un chrono, notre objectif avoué avec Brigitte était simplement de terminer (autrement que dans la voiture balaie s'entend!) n'ayant jamais fait la distance ni enchaîné 2 cols de cet acabit. Fred, affûté, c’est senti des ailes.
Une nuit courte (levé 4h15), sous un crachin qui ne nous quittait pas depuis la veille et qui nous accompagnera encore toute la journée.
Le départ est donné à 7h ; 8000 personnes lâchées dans les rue de Pau, ça fait un beau peloton. Nous sommes équipés des manchettes et de la veste plastique pluie ; dès le départ, une bonne averse pour bien nous tremper jusqu’à l’os : nous sommes gelés : la journée s’annonce longue.
Le mot d’ordre est de gérer tranquillement les 100 premiers km  sans se cramer, afin d’attaquer les difficultés avec un bon niveau de fraîcheur.
Nous restons tous les 3 groupés avec Brigitte et Fred jusque vers le 40 ème, puis Fred part devant. Je roule tranquillement avec Brigitte à un petit 27 de moyenne jusqu’au pied du Tourmalet (102 ème), après une bonne pause au ravitaillement de Lourde, et 2 arrêts pipi.
Pied du Tourmalet : on enlève nos plastiques de pluie, et pour moi, c’est la que la course commence.
20 km de montée. J’enclenche tout de suite mon 39*28, et je monte à un bon rythme entre 11 et 12Km/h : régulièrement je passe sur le 26 dents pour me dégourdir en danseuse quelques secondes avant de me rassoir sur la selle tout à gauche. La montée passe bien. Un ravitaillement bien venu à la Mongie à 3 km du sommet. Je me restaure un peu, mais le froid est présent et en moins de 5 mn, me voilà de nouveau gelé. Ca repart donc pour les derniers hectomètres d’ascension : et là c’est terrible : nous sommes dans le brouillard et la pluie et un petit vent léger ; par endroit j’avance à un royal 7.5 km/h ! Tout le monde est à la ramasse, ça rassure. Enfin le sommet : je m’arrête 5 mn, le temps de remettre le plastique, et de m’enfiler un jambon beurre soigneusement préparé le matin. Je suis cuit, et j’ai le dos en compote : une bonne barre en bas des reins : je me dis, que Hautacam ce sera pour une autre saison : c’est déjà bien. Je vais tranquillement rejoindre le bas de cette dernière ascension, et m’arrêter. J’irai aux massages avant tout le monde : et je serai peinard.
Mais c’est pas tout, là où je suis, je peux pas rester : faut attaquer la descente : autant vous dire que la prudence est de mise sur cette route glissante et sinueuse. Je claque des dents pendant 10 bonnes minutes avant de sentir la chaleur de la vallée. Je dépasse rarement les 30 km/h , et globalement, je ne vois pas trop de fangio faire n’importe quoi! L’heure est à la récup : pas question de s’enflammer sur cette portion roulante. Nous voilà au pied de Hautacam, je croise les coureurs déjà arrivés au sommet et qui redescendent : ceux là m’ont déjà mis plus d’une heure et demi. Dans ce petit village c’est comme le tour de France (le vrai) : du monde de partout ; ça crie dans tous les sens, ça encourage : impossible d’abandonner là, devant autant de monde. Je me dis qu’il vaudrait mieux le faire un peu plus haut à l’abri des regards. Pour le moment, il faut faire bonne figure : j’amuse la galerie en danseuse sur le 39*23, et une fois la foule derrière, je me remets très vite sur le 28. Hautacam est annoncé comme étant une succession de rampes/zones de repos. Le 1er km est tranquille : toute cette agitation pour ça. Si c’est ça Hautacam, ce n’était pas la peine d’en faire un fromage!!. 2ème km, une bonne rampe : tout à gauche en danseuse : ça dure 500 m et ouf une zone de récup. Ca se gère plutôt bien. On continue.
Tiens voilà une autre bonne rampe : celle là, elle doit bien faire dans les 14%. On serre les dents et hop c’est passé. 7ème km, je vois un mur devant moi. Des cyclistes de partout en train de marcher, d’autres tout simplement arrêtés à la recherche d’un second souffle. Je me dis que c’est encore un mauvais moment de 300 ou 400m, avant la prochaine zone de récup. J’ai de plus en plus de mal à enrouler mon braquet ; déjà 500 m, et toujours pas d’accalmie. Je commence à lâcher dans la tête. Je regarde mon compteur : 5,5 km/h ! Je décale avant de tomber. J’ai le cardio à 2000 tours. Je décide de me faire un petit ravitaillo improvisé : un gel, une pate de fruit, un peu de liquide et ça repart. 500 m plus loin, de nouveau le compteur à 5 km/h . Hop, pied à terre de nouveau : je pousse le vélo à 3,5 km/h . Je remonte sur la machine mais je reproduis le scénario 500 m plus loin. Impossible d’enchaîner dans ces pourcentages d’enfer. Et puis enfin, la pente s’adoucit. Ce passage de 3 km a été terrible, la même où en 96, Riis insolent et dopé, s’était amusé avec ses adversaires, avant de leur planter un improbable démarrage des familles. Le moral reprend maintenant le dessus. Les panneaux n‘annoncent plus que des pourcentages moyens de 7.5 ! le brouillard et le crachin sont toujours là. Les derniers km à 7% sont plus doux. Je sais que c’est gagné. Je croise Fred qui a déjà passé la ligne en 7h45 environ, et qui est sur la descente : bravo, il a bien tourné.  Je continue sur un meilleur rythme. Je relance une dernière fois pour la photo, et je coupe la ligne en 8h15. Je me dis que Brigitte a vraiment du en baver : a-t-elle passé le Tourmalet ? A-t-elle abandonné avant ou après le sommet transit de froid dans la descente ?
La descente de Hautacam, même s’il n’y a plus de chrono est très difficile avec la fatigue, dans le froid et le brouillard : nous n’avons que la moitié de la route, l’autre coté étant réservé à ceux qui montent. D’un coup à 4 km du sommet, une apparition : un maillot jaune et bleu marqué Vélizy et Brigitte bien en ligne sur sa machine : j’en ai des frissons (mais le froid n’y est pour rien). Comment a-t-elle pu arriver jusque là ? Où a-t-elle trouvé l’énergie ? Un mystère. Elle coupera la ligne en un peu plus de 9h.

Personnellement ça restera un grand moment. Une organisation rodée et irréprochable. Les routes entièrement fermées pour nous. Un monde fou pour nous encourager malgré un temps à ne pas mettre un cycliste dehors. Le passage sous la flemme rouge comme pour de vrai.

Il parait que l’année prochaine c’est au Ventoux : on remet ça ?

Quelques extraits de presse :

Entre Pau et Hautacam, les 169 km de cette Mondovélo 2008 n'auront pas épargné les quelque 9.000 engagés sur l'épreuve.
Car si, très vite, les participants devaient en découdre pour une mise en jambes avec les côtes de Labatmale et de Loucrup, le plat de résistance s'appelait Tourmalet et le dessert, Hautacam.
Sur le parvis du jaï alaï palois, les coureurs étaient là de bonne heure, de très bonne heure même, pour se dégourdir les jambes, pour se mettre dans l'ambiance de cette étape du Tour.
fête gâchée
Et déjà, un petit crachin annonçait la couleur, histoire de refroidir les jambes, de miner quelque peu les esprits. Quand les premiers coureurs attaquaient l'épreuve, le crachin devenait pluie. Oui mais voilà, maintenant, les chevaux étaient lâchés, plus question de reculer.
Sous le soleil, la Mondovélo 2008 aurait pu être agréable, oui mais voilà, la pluie, le brouillard et le froid avaient décidé de s'inviter à la fête et la gâcher pour beaucoup.
Dès les premières côtes, l'énorme peloton s'étirait, les meilleurs tout de suite en rythme lâchaient irrésistiblement le gros de la troupe. Et quand les premiers attaquaient le Tourmalet, les derniers, eux, finissaient leur descente de la côte de Loucrup, d'autres ayant déjà abandonné depuis plusieurs kilomètres.
« J'ai abandonné à Lourdes, l'attente de ce matin, la pluie mais surtout le froid, et puis je n'avais plus de jambes », expliquait Alain, venu de Vendée.
Dès les premiers hectomètres du Tourmalet, froid et brouillard rajoutaient un peu plus de difficulté au pourcentage de la pente. Brouillard et crachin à La Mongie, le ravito pour les attardés était le bienvenu.
Sucres lents, sandwichs, bananes, boissons et gels énergétiques avant de reprendre l'ascension vers le sommet du Tourmalet.
DESCENTE DANS LE BROUILLARD
Côté Barèges, la descente « était affreuse, avec une pluie givrante qui a fait mal aux organismes », expliquait Frédéric Taisse, porte-parole d'une grosse partie des forçats de l'épreuve. Une descente dans le brouillard vers les gorges de Luz où le peloton retrouvait un temps sec.
Un court répit car à mi-pente de Hautacam, le brouillard reprenait ses droits et, mêlé au froid, corsait un peu plus l'épreuve, la rendant un peu plus belle.


Dintrans : il voulait aller au bout pour Asthme Pyrénées…

L'ancien capitaine du XV de France et du Stadoceste tarbais, Philippe Dintrans, a réussi son pari, hier matin, en prenant le départ de cette Mondovélo 2008.
« Cela s'est très bien passé, mais c'était mortifère. C'était l'enfer, cette pluie. Je comprends mieux maintenant pourquoi Ocaña voulait toujours la chaleur. J'ai perdu Pierre Coulom, et Sylvain Pébay, parti derrière, ne m'a pas rejoint. Je me suis donc tapé l'étape tout seul. Les conditions météo ne m'ont pas aidé, par contre dans la descente vers Luz, j'ai envoyé.
Le matin, je me suis fait peur : au départ, ils sont partis à 60 à l'heure, je me suis mis sur la droite, j'ai eu peur. Après, il y a eu des chutes impressionnantes. Je suis content de cette belle journée, le fait de l'avoir fait seul augmente un peu plus mon sentiment de réussite pour l'association. »
Un dernier mot concernant l'organisation, « ce qu'ont fait Alcan et Legall est extraordinaire. »


Interview. Frédéric, Mathias, Nicolas, Jean-Jacques, Christian, Philippe. Ils sont tous unanimes sur la qualité de l'organisation mais aussi sur la météo.

« Des conditions apocalyptiques »

Ils sont venus de toute la France pour participer à la grand-messe des cyclosportifs… une belle fête mais quelque peu gâchée par des conditions dantesques.
Frédéric (Lot-et-Garonne) : « La descente du Tourmalet a été terrible en raison du froid. On tremblait sur les vélos, moi, j'étais tétanisé ! Franchement, on a été surpris par les conditions. Sinon, j'ai trouvé le parcours relativement facile.
J'ai trouvé très sympa l'encouragement des gens sur le bord de la route, notamment au bas du Hautacam et dans le col. C'était fou, le monde sur la fin ! »
Denis (Béthune, 26e) : « C'est la quatrième fois que j'y participe. Ça s'est bien passé mais j'ai énormément souffert du froid et de l'humidité. J'ai d'ailleurs attrapé un onglet. Cette descente du Tourmalet, ce fut l'enfer ! Je ne connaissais pas le Hautacam. C'est très, très difficile, je suis monté à 10 à l'heure. C'est terrible ! Sinon, j'ai trouvé le parcours plus équilibré que le précédent. »
Mathias (Raismes, il était le plus jeune avec ses 21 ans) : « Je n'ai jamais autant souffert sur un vélo ! En haut du Tourmalet, j'étais 25e mais j'ai tellement souffert du froid, j'étais en hypothermie que j'ai perdu pas mal de places. C'est la première fois que je fais une course comme ça mais j'adore les cols, je trouve ça génial. »
Nicolas (Pau) : « C'était ma première expérience, moi qui fais habituellement des courses qui ne dépassent pas les 80 km. En plus de ça, je ne suis pas un grimpeur. Le plus dur à gérer, ce fut le froid. Terrible ! J'avais mal au ventre et à 3 km, j'étais perclus de crampes, ce qui fait que j'ai bâché. J'ai trouvé l'environnement impressionnant. »
Jean-Jacques (Muret) : « J'ai participé l'an dernier. Cette édition était plus facile, mais moi qui adore la chaleur, je n'ai pas été verni. J'ai trouvé la sécurité dans la descente du Tourmalet très limite. Avec le brouillard, c'était vraiment dangereux ! »
Christian (Verthou) : « C'est ma troisième participation. Je n'ai pas pu aller au bout. J'ai trop souffert dans le Tourmalet, je ne pouvais pas emmener le braquet. Et puis cette descente du Tourmalet ! Quel froid ! »
Philippe (La Plagne) : « J'ai perdu du temps au départ. Mais de 4.000, je termine 78e. Je n'avais jamais fait Hautacam. Il y a des passages ou on reste collé. »


Le célèbre pilote français, effrayé par les conditions, a jeté l'éponge.

Alain Prost a renoncé

S'il fallait un témoignage, le plus probant qui soit, il nous vient sans doute du jeune Mathias Ros, le Nordiste de Raismes. « Jamais je n'ai autant souffert du froid sur un vélo. Je suis passé en vingt-cinquième position en haut du Tourmalet et ma foi, ça ne se passait pas trop mal. Par contre, la descente a été un véritable enfer, tellement il faisait froid. Je me suis trouvé en hypothermie, je tremblais. » On ne connaît pas le résultat exact du jeunot (dans les 50 premiers) mais cette évocation résume à peu près tout.
Le reste ? On ne connaît plus le nombre de coureurs qui, après coup, ont stigmatisé ces conditions. Froid, pluie, brouillard.
Certains sont arrivés totalement tétanisés. À l'évidence, la descente est devenue dangereuse mais les organisateurs ne pouvaient pas non plus prévoir les caprices de dame nature. En tout cas, certains vont s'en souvenir ! Si le départ de Pau fut annonciateur d'une sale journée, on n'imaginait cependant pas vivre pareils moments. Chacun comptait bien voir le temps s'améliorer là-haut, sur les hauteurs du col, tant on sait que la météo peut être capricieuse. Las ! c'est vers le pire que le peloton s'est dirigé. Le brouillard a gagné du terrain à partir des paravalanches, juste avant le passage à La Mongie. La station était alors plongée dans un nuage opaque. Ce n'était pas tout.
Le passage en haut releva du songe, avant que les coureurs ne plongent dans une descente totalement occultée au niveau de sa visibilité.
À cela, rajoutez le froid qui eut raison de la volonté de certains, dont Patrice Lagisquet, totalement pétrifié et qui préféra tourner à gauche pour rejoindre Lau-Balagnas.
Mais que dire d'Alain Prost qui, lui, a refusé de prendre le départ.


Fait de course

Chute sur l'étape :

Un coureur qui a fait une chute dans la descente du Tourmalet et dont l'identité n'a pas été révélée, a été évacué par hélicoptère, après que l'ambulance l'a dépêché vers le stade de Luz, où il a été pris en charge.
Le coureur, qui a perdu le contrôle de son vélo, a effectué plusieurs tonneaux. Il souffrirait du fémur, ainsi que de blessures à la cage thoracique.

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