- L'ETAPE DU TOUR 2008 - PAU-HAUTACAM - 169 KM - JUILLET 2008 -
Et pendant ce temps là, nous étions partis braver les Pyrénées, avec Brigitte, Fred D, et Hervé Chouquet.Pau - Hautacam en passant par le Tourmalet, soit 169 km.
Si Hervé est là pour taper un chrono, notre objectif avoué avec Brigitte était simplement de terminer
(autrement que dans la voiture balaie s'entend!) n'ayant jamais fait la
distance ni enchaîné 2 cols de cet acabit. Fred, affûté, c’est senti des ailes.
Une nuit courte (levé 4h15), sous un crachin qui ne nous quittait
pas depuis la veille et qui nous accompagnera encore toute la journée.
Le départ est donné à 7h ; 8000 personnes lâchées dans les
rue de Pau, ça fait un beau peloton. Nous sommes équipés des manchettes et de
la veste plastique pluie ; dès le départ, une bonne averse pour bien nous
tremper jusqu’à l’os : nous sommes gelés : la journée s’annonce
longue.
Le mot d’ordre est de gérer tranquillement les 100 premiers km
sans se cramer, afin d’attaquer les difficultés avec un bon niveau de
fraîcheur.
Nous restons tous les 3 groupés avec Brigitte et Fred jusque vers le 40 ème, puis Fred
part devant. Je roule tranquillement avec Brigitte à un petit 27 de moyenne
jusqu’au pied du Tourmalet (102 ème), après une bonne pause au ravitaillement
de Lourde, et 2 arrêts pipi.
Pied du Tourmalet : on enlève nos plastiques de pluie, et
pour moi, c’est la que la course commence.
20 km de montée. J’enclenche tout de suite mon 39*28, et je monte
à un bon rythme entre 11 et 12Km/h : régulièrement je passe sur le 26
dents pour me dégourdir en danseuse quelques secondes avant de me rassoir sur
la selle tout à gauche. La montée passe bien. Un ravitaillement bien venu à la
Mongie à 3 km du sommet. Je me restaure un peu, mais le froid est présent et en
moins de 5 mn, me voilà de nouveau gelé. Ca repart donc pour les derniers
hectomètres d’ascension : et là c’est terrible : nous sommes dans le
brouillard et la pluie et un petit vent léger ; par endroit j’avance à un
royal 7.5 km/h ! Tout le monde est à la ramasse, ça rassure. Enfin le
sommet : je m’arrête 5 mn, le temps de remettre le plastique, et de
m’enfiler un jambon beurre soigneusement préparé le matin. Je suis cuit, et
j’ai le dos en compote : une bonne barre en bas des reins : je me
dis, que Hautacam ce sera pour une autre saison : c’est déjà bien. Je vais
tranquillement rejoindre le bas de cette dernière ascension, et m’arrêter.
J’irai aux massages avant tout le monde : et je serai peinard.
Mais c’est pas tout, là où je suis, je peux pas rester : faut
attaquer la descente : autant vous dire que la prudence est de mise sur
cette route glissante et sinueuse. Je claque des dents pendant 10 bonnes
minutes avant de sentir la chaleur de la vallée. Je dépasse rarement les 30
km/h , et globalement, je ne vois pas trop de fangio faire n’importe quoi! L’heure
est à la récup : pas question de s’enflammer sur cette portion roulante.
Nous voilà au pied de Hautacam, je croise les coureurs déjà arrivés au sommet
et qui redescendent : ceux là m’ont déjà mis plus d’une heure et demi.
Dans ce petit village c’est comme le tour de France (le vrai) : du monde
de partout ; ça crie dans tous les sens, ça encourage : impossible
d’abandonner là, devant autant de monde. Je me dis qu’il vaudrait mieux le
faire un peu plus haut à l’abri des regards. Pour le moment, il faut faire
bonne figure : j’amuse la galerie en danseuse sur le 39*23, et une fois la
foule derrière, je me remets très vite sur le 28. Hautacam est annoncé comme
étant une succession de rampes/zones de repos. Le 1er km est
tranquille : toute cette agitation pour ça. Si c’est ça Hautacam, ce
n’était pas la peine d’en faire un fromage!!. 2ème km, une bonne rampe :
tout à gauche en danseuse : ça dure 500 m et ouf une zone de récup. Ca se
gère plutôt bien. On continue.
Tiens voilà une autre bonne rampe : celle là, elle doit bien
faire dans les 14%. On serre les dents et hop c’est passé. 7ème km,
je vois un mur devant moi. Des cyclistes de partout en train de marcher,
d’autres tout simplement arrêtés à la recherche d’un second souffle. Je me dis
que c’est encore un mauvais moment de 300 ou 400m, avant la prochaine zone de
récup. J’ai de plus en plus de mal à enrouler mon braquet ; déjà 500 m, et
toujours pas d’accalmie. Je commence à lâcher dans la tête. Je regarde mon
compteur : 5,5 km/h ! Je décale avant de tomber. J’ai le cardio à
2000 tours. Je décide de me faire un petit ravitaillo improvisé : un gel,
une pate de fruit, un peu de liquide et ça repart. 500 m plus loin, de nouveau
le compteur à 5 km/h . Hop, pied à terre de nouveau : je pousse le vélo à
3,5 km/h . Je remonte sur la machine mais je reproduis le scénario 500 m
plus loin. Impossible d’enchaîner dans ces pourcentages d’enfer. Et puis enfin,
la pente s’adoucit. Ce passage de 3 km a été terrible, la même où en 96, Riis
insolent et dopé, s’était amusé avec ses adversaires, avant de leur planter un
improbable démarrage des familles. Le moral reprend maintenant le dessus. Les
panneaux n‘annoncent plus que des pourcentages moyens de 7.5 ! le
brouillard et le crachin sont toujours là. Les derniers km à 7% sont plus doux.
Je sais que c’est gagné. Je croise Fred qui a déjà passé la ligne en 7h45
environ, et qui est sur la descente : bravo, il a bien tourné. Je
continue sur un meilleur rythme. Je relance une dernière fois pour la photo, et
je coupe la ligne en 8h15. Je me dis que Brigitte a vraiment du en baver :
a-t-elle passé le Tourmalet ? A-t-elle abandonné avant ou après le sommet
transit de froid dans la descente ?
La descente de Hautacam, même s’il n’y a plus de chrono est très
difficile avec la fatigue, dans le froid et le brouillard : nous n’avons
que la moitié de la route, l’autre coté étant réservé à ceux qui montent. D’un
coup à 4 km du sommet, une apparition : un maillot jaune et bleu marqué
Vélizy et Brigitte bien en ligne sur sa machine : j’en ai des frissons
(mais le froid n’y est pour rien). Comment a-t-elle pu arriver jusque là ?
Où a-t-elle trouvé l’énergie ? Un mystère. Elle coupera la ligne en un peu
plus de 9h.
Personnellement ça restera un grand moment. Une organisation rodée
et irréprochable. Les routes entièrement fermées pour nous. Un monde fou pour
nous encourager malgré un temps à ne pas mettre un cycliste dehors. Le passage
sous la flemme rouge comme pour de vrai.
Il parait que l’année prochaine c’est au Ventoux : on remet ça ?