Je me décide enfin à vous raconter cette journée si
particulière du 8 Juillet. Bien plus qu’une compétition d’un jour, c’est l’aboutissement d’une
aventure débutée il y a un an, le 18 juillet 2011, quand, à l’issue d’une étape
du tour dantesque de plus de 10 h de vélo sous la pluie, nous nous sommes
inscrits pour cette épreuve, sur le chemin du retour, sans vraiment savoir où
nous nous embarquions, et sans aucune certitude. C’est aussi l’aboutissement de
3 derniers mois intenses où nous aurons parcouru, avec une météo de daube, plus
de 2000 km à vélo et environ 250 km à pied. C’est enfin la conclusion de 4 derniers jours
d’attente entre doute et impatience : depuis la Pasta Party de Vendredi
soir (où en suivant les conseils du
coach, nous avons gorgé le foie pour qu’il nous restitue tout ça en course (en
espérant qu’il ne le restitue pas trop tôt !!)) et jusqu’à la soirée mariage
du Samedi soir à l’hôtel dont on se serait bien passé
.
Bref nous
allons réaliser ce jour le graal de tout triathlète, soit participer au
mythique triathlon de ROTH sur la distance Iron Man. Est-ce qu’on s’est assez
préparé depuis 1an ? Est-ce qu’on ne va pas exploser ou terminer en
vrac ? La distance (3,8 Km natation, 180 km vélo et 42 km à pied) me
paraissait complètement surréaliste il y
a 10 ans, inabordable il y a encore 5
ans, et juste faisable à ce jour. Après une natation surement très difficile
pour moi, je me disais qu’un vélo en 6h et une course à pied en 4h15 serait
exceptionnelle et me garantirait une course dans les 12h/12h15.
Effectivement,
la marche était un peu trop haute pour moi en natation, où j’en ai vraiment
bavé sur la fin du parcours et plus d’une demi heure pour les 800
derniers mètres. 1h42 et 2726 ème position/2754 à la sortie de l’eau, mais
content d’être là !!
Passage dans
la tente, et changement complet pour une tenue vélo. Ensuite que dire :
partagé, entre l’envie de tout donner pour faire honneur à tout ce public amassé
qui vous pousse sans arrêt, et s’économiser en prévision d’un effort inconnu. Parti
dans la dernière vague en natation, 1h15 après les premiers, Je double peu sur
le vélo, mais me fais surtout doubler par tous les relais partis quand à eux ½ heure derrière moi en natation et qui ne
ménagent pas leurs efforts sur leur machine de guerre, roue lenticulaire et
guidon aéro. Un monde fou de partout, (200 000 personnes sur le parcours)
jusqu’à l’apothéose de la côte Solarer Berg kilomètre 70 environ :
l’espace d’un instant on se prend pour un champion ; la route s’ouvre
devant nous au fur et à mesure que les spectateurs s’écartent, pour se refermer
tout de suite derrière : émotion et frissons garantis : nous sommes sur
une autre planète. Fin du premier tour : 90 bornes, 3 heures, et ce vent
de face qui ne nous aura pas lâché de tout le 1er tour (et qui aura
tourné avec nous : vas comprendre !!). La fatigue arrive
doucement : je m’arrête au début du second tour pour attaquer mes sandwichs
jambon fromage : 5 petites minutes de pause qui font du bien. Je lève
légèrement le pied dans ce second tour, car les cuisses commencent à se
plaindre ! D’un coup un maillot du club devant : pas du tout prévu au programme puisque d’après
mes calculs et ma natation calamiteuse, le plus près a du attaquer le vélo 25
bonnes minutes devant moi, donc impossible à aller chercher sauf incident. Je reconnais rapidement le coup de pédale de
Jean Charles qui vient de finir lui aussi son sandwich, et qui me confirme effectivement
un incident sur crevaison. Il ne sait pas encore que dans 1 heure il chopera le
feu au pied, le fléau des cyclistes ! Après quelques mots réconfortants,
nous nous séparons. Quand soudain, surgit face au vent, un futur héros d’un
autre temps : nouveau maillot du club : impossible !! Et pourtant
si. Fred avance tout doucement, mais est pourtant très frais : il
m’explique rapidement qu’il a cassé un rayon à l’arrière, ce qui l’empêche de rouler normalement. Je
l’encourage mais il faut un sacré mental pour poursuivre à 15-20 km/h : Bravo.
La fin de ce second tour est très longue. Je boucle le vélo en 6h09, un peu
plus que mes prévisions, mais pas si
mal, compte tenu du vent et du léger dénivellé (1800 m>0).8h de course
déjà : après passage au stand et
nouveau changement complet de tenue, je repars donc pour les 42 km restants, avec le secret
espoir de boucler mon premier marathon dans les 4h15. Les premiers 10 kil sans
problème, tout en retenu à 10 km/h. : on m’a dit et redit ‘surtout ne pas
s’enflammer’, ‘courir très en dessous de ce que tu peux faire si tu veux aller
loin’. Je croise Cédric au 7 ème kilomètre : il en est au 17 ème, soit 1
heure devant moi ; J’évalue rapidement qu’il a du me prendre environ 30’
en nat et pareil en vélo : c’est cohérent et conforme aux prévisions.. Il
a l’air dans une bonne allure. Au 9 ème, je croise Christine (qui fait cette course en préparation de l’UTMB fin Août !!) qui en est à son 16
ème, soit un petit 40’ devant moi (mais partie dans les premières vagues 1 h
avant) : elle courre comme une gazelle, absolument pas marquée : ce
canal fait 18 bornes aller/retour, et n’en finit jamais. Je croise enfin
Brigitte vers le 11 ème : je suis super content ; elle est toujours
dans le coup et a plutôt une bonne
foulée. Je suis environ 20’ derrière ( mais parti 1 h plus tard en nat). Je
passe au 12,5 km en 1h15 : tout va bien je suis encore dans mon allure à
10 km/h Demi-tour au bout du canal. Sur le retour, je croise Jean Charles, qui
avoine grave, et qui me crie ‘fais gaffe je suis à moins de 6’ au kilo’ : il est à environ 20 minute
derrière : à ce rythme il va vite revenir au premier coup de pompe !Un
km plus loin c’est Fred qui est là : il a trouvé le mental pour aller au
bout du vélo :super nous sommes encore tous les 6 en course. Au 15 ème je
commence à coincer : les cuisses sont chargées à bloc. J’alterne avec un
peu de marche aux ravitos pour récupérer, et tourne au coca: ma moyenne chute
lourdement à moins de 8 km/h jusqu’au 21 ème que je passe en 2h15. Nous
repartons de l’autre coté du canal, ou de nouveau je croise Cédric qui fait son
Johann Diniz. Je lui souhaite bon courage : la fin risque d’être très
longue pour lui !! Je continue de trottiner dans les 8 km/h afin de
limiter la casse, mais c’est pas la grande forme. Je croise de nouveau
Christine sur le retour, toujours aussi bondissante :
impressionnant elle est maintenant à quasiment 50’’ devant moi. Un peu
plus loin je recroise Brigitte et de nouveau j’ai une montée d’adrénaline
de la voir là en train d’aller au bout de cette course extraordinaire :
elle est encore 20 ‘ devant moi ; je l’encourage, et lui dit de profiter
de son arrivée au stade, et que je suis trop loin pour l’accompagner. Après mon
demi tour au bout du canal (30 ème kilomètre en 3h22), je croise encore Jean
Charles toujours là mais qui avoine beaucoup moins : il me dit ‘ je crois
que je suis plus à 6 au kilo’ J. A partir de ce moment, je réalise
que j’ai 3 gels et que je dois réenclencher la machine. Je m’engouffre le 1 er gel juste avant un ravito, et les 2 autres un peu plus tard, et
incroyable je retrouve petit à petit des jambes. Je vais faire les 10 derniers
kilomètres à plus de 10 de moyenne. Le temps d’apercevoir Fred, très loin mais
toujours là, je fonce vers l’arrivée. Un petit tour dans la ville juste avant
l’arrivée au stade : et la, miracle, Brigitte, 50 mètres devant moi :
après 13 heures de course, on arrive au même instant à l’entrée du stade :
incroyable : on rentre dans le stade ensemble ; on est seul au
monde ; encore un nombreux public massé. On savoure (mais jamais assez)
ces énormes moments pour lesquels on fait aussi du sport. On franchit cette
ligne d’arrivée ensemble. 4h38 pour ce marathon qui se sera finalement plutôt
pas mal passé. Finisher : l’échec de l’étape du tour de l’année dernière est
effacé pour Brigitte. Il nous aura fallu 7 années de Triathlon pour pouvoir
s’attaquer à cette distance. Nous sommes
sur un nuage, et souhaitons à tout un chacun de vivre ces moments exceptionnels
de pur bonheur sportif, simplement content d’avoir atteint notre objectif de
terminer cette course.
Un
triathlon, une ambiance, un public hors norme. Tous les collègues finisher. Une
journée formidable en fin de compte conclue par une bonne bière.
Quand à ma Brigitte,
tant qu’elle n’est pas devant moi, je la
garde :-). Elle est vraiment très à l’aise sur
ces courses longues et m’impressionne toujours.
Merci pour
tous pour vos messages et encouragements : ce n’est que du sport, mais
qu’est ce que c’est bon. Et si l’un d’entre vous veut vivre ça, je l’accompagne
de nouveau en Allemagne.
Laurent
Place /2754 |
Nom | Temps Total |
Temps NAT |
Classt NAT |
Trans1 | Temps VELO |
Classt VELO |
Trans 2 | Temps CAP |
Classt CAP |
1982 | Tohier, Cédric | 12h18'22'' | 01h06'43'' | 896 | 3'44'' | 05h37'03'' | 1069 | 4:11 | 05h26'42'' | 2460 |
2237 | Chabert, Laurent | 12h45'45'' | 01h42'53'' | 2727 | 7'39'' | 06h09'54'' | 2041 | 7:00 | 04h38'21'' | 1778 |
2355 | Noualhaguet, Christine | 13h03'37'' | 01h14'19'' | 1759 | 7'04'' | 06h54'22'' | 2620 | 7:47 | 04h40'07'' | 1817 |
2465 | Noualhaguet, JC | 13h24'12'' | 01h21'20'' | 2334 | 8'55'' | 06h42'06'' | 2518 | 11:30 | 05h00'23'' | 2169 |
2571 | Usseglio Brigitte | 13h45'47'' | 01h24'16'' | 2454 | 11'14'' | 06h52'32'' | 2604 | 9:33 | 05h08'13'' | 2277 |
2622 | Gaulupeau Frédéric | 14h06'21'' | 01h03'53'' | 614 | 5'29'' | 07h19'08'' | 2704 | 6:25 | 05h31'29'' | 2490 |